Javens soutient l’Ukraine et le peuple ukrainien qui souffre dans sa nation et ses valeurs. À quoi cela sert-il de le dire et l’écrire ? À rien peut-être, mais au moins ce drame absolu aura eu pour effet bénéfique de nous réconcilier avec la « solidarité », cette valeur essentielle et pourtant si souvent oubliée ces dernières années.
Les images que nous voyons chaque jour de l’offensive menée par Vladimir Poutine (à distinguer du peuple russe) évoquent les récits que nos parents ou grands-parents tenaient à nous transmettre à propos de la seconde guerre mondiale. À maintes reprises, les miens m’ont raconté la peur, la fuite, la descente aux abris au moment des bombardements. J’ai toujours écouté avec attention, comme témoin pour « passer le flambeau » plus tard à mes enfants afin qu’ils sachent que la guerre n’existe pas que dans les livres d’histoire, mais que leurs aïeuls l’ont vécue, ici, sur nos terres. Hélas, cette guerre n’est pas la seule que connaisse notre planète, mais celle-ci est à nos portes et frappe une nation au fonctionnement et aux institutions démocratiques, un pays qui nous semblait « original » d’avoir mis à sa tête un jeune humoriste, qui, au passage, se révèle aujourd’hui un guide, un communicant, un chef de guerre hors pair. Par ailleurs, cette guerre nous fait remonter le temps, avec ces images de tranchées semblant relever d’un documentaire sur la première guerre mondiale. Je n’aurais jamais imaginé que mes enfants verraient une guerre se dérouler sous leurs yeux, à 2 400 kilomètres de chez eux. Ces images de civils atteints dans leur chair sont insoutenables et irréelles. Les longues files d’attente de ces courageuses femmes ukrainiennes obligées de fuir leur pays, avec leurs enfants dans les bras et souvent un petit sac plastique contenant quelques affaires pour tout bagage nous laissent dans un douloureux état de sidération. Elles semblent émaner d’un mauvais film. Chaque jour, lorsque nous nous connectons aux informations, nous aimerions voir « Happy End » apparaître sur l’écran, tout en sachant que nous allons apprendre des nouvelles plus atroces encore que celle de la veille. L’indifférence tue, le silence tue.
Carole Dhorme
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