Le cas de l’usine Ford de Blanquefort illustre ce qu’aurait dû être la RSE de Ford qui a fait le choix de fermer son usine, pour des raisons économiques (céder coûte plus cher que licencier), stratégiques (rapatrier rapidement la production aux Etats-Unis) et de biais cognitifs (un premier rachat s’est mal passé il y a quelques années, on craint que cela ne recommence) et alors qu’il y avait un repreneur solide, des contrats potentiels et 450 emplois à sauver… Les indemnisations et les mesures d’accompagnement compenseront mais ne répareront pas la souffrance et la violence de la situation vécue par les 850 salariés.
Dans ce contexte, les quelques phrases que l’on peut lire sur le site du constructeur dans la rubrique « carrières » prennent un sens… particulier : « Le facteur humain étant la clé de voûte de toute dynamique en entreprise, il est l’objet de toutes nos attentions. Ford a toujours veillé à l’épanouissement et au bien être de ses employés à long terme… »
Cet exemple d’acte en complète contradiction avec des valeurs affichées explique la difficulté pour les salariés de comprendre l’utilité de la RSE. Selon une récente étude menée par Ipsos et OpenMind Kfé (La RSE, quelles perceptions et quels enjeux ?) et dont les résultats ont été dévoilés il y a quelques jours, les salariés sont 55 % à considérer qu’elle sert pour l’entreprise à « améliorer son image ». Les conclusions de l’enquête résument bien la perception qu’ils ont de la RSE : « son application concrète reste encore incomprise, et […] une grande partie des salariés remettent en cause la sincérité de cette démarche et n’y voient pour eux aucun bénéfice direct et individuel. »
Mais il est un point positif que révèle cette enquête : c’est au cœur des démarches RH que les engagements RSE prendront tout leur sens et pourront s’ancrer dans l’ADN de l’entreprise pour devenir à terme une réalité et non un outil de communication contre-productif. Les engagements éthiques (sociaux ou environnementaux) des entreprises, porteurs de sens dans le travail, deviendront progressivement incontournables et ne pourront se développer que dans la sincérité et l’authenticité. Ce n’est plus une question d’esthétique…
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